Le poids de la maladie, et encore plus les effets des traitements, peuvent diminuer la libido et impacter votre intimité sexuelle. Les soins de support en sexologie sont là pour vous soutenir, vous et/ou votre partenaire. Les précisions de Sébastien Landry, psycho sexologue spécialisé en cancérologie.
L’intimité sexuelle fait partie d’un équilibre de vie[1]. Mais avec le cancer, cette sphère se trouve perturbée quand « les angoisses et incertitudes liées à la maladie engendrent une baisse de la libido », explique Sébastien Landry[2],psycho sexologue spécialisé en cancérologie[3] et formateur médical/paramédical[4]. Les modifications du corps comme « la fonte musculaire, la reconstruction d’un sein, les cicatrices, la perte des cheveux, et leurs répercussions psychologiques, freinent aussi la confiance en soi et la capacité de séduction ».
Les soins de support intègrent donc un soutien en sexologie[5]. Enjeux : améliorer la qualité de vie pendant et après la maladie[6].
Les traitements plus impactants que la maladie
« En consultation[7], je vois autant d’hommes que de femmes, pour tous types de cancers », décrit Sébastien Landry. Certes, les cancers gynécologiques[8] ou urogénitaux[9]altèrent directement la sexualité, les organes comme le sein, la prostate ou les testicules étant touchés. « Mais pour toutes les tumeurs, la chimiothérapie, la radiothérapie ou l’hormonothérapie diminuent la libido. »
Comment l’expliquer ? Ces traitements diminuent le tonus musculaire[10] et l’afflux sanguin au niveau de la verge : la fonction érectile se trouve perturbée. Chez les femmes, la chimiothérapie peut aussi diminuer la concentration en œstrogènes, hormones indispensables à la lubrification vaginale. « Les rapports avec pénétration deviennent compliqués et/ou douloureux. »
Les effets des traitements mal connus des patients
Toutes ces altérations physiologiques peuvent perturber « le patient et/ou le couple qui ne s’y attendai(en)t pas ». Les patients « ont alors tendance à se dévaloriser car ils ne sont pas tous informés en amont de l’impact des traitements » sur leur bien-être sexuel.
« Le couple s’attend à ce que la vie sexuelle reparte d’elle-même »
Dans le cadre des soins de support, la sexologie est accessible à tout moment de la prise en charge. « Les patients viennent rarement me voir dès l’annonce, 25% le font au cours du suivi », décrit Sébastien Landry.
« La grande majorité consulte dans l’après-cancer, tellement la maladie les a coupés de leur désir sexuel. »
A la fin des traitements actifs[11] en effet, « le couple s’attend à ce que la vie sexuelle reparte d’elle-même ». C’est pourtant à ce moment « que les blocages surviennent, notamment si la fatigue perdure ». Sans compter « la crainte de la récidive ou la peur de reprendre une vie sexuelle, les angoisses de performance, sources de dysfonctions érectiles et de douleurs vaginales liées à la pénétration[12]».
En séance
La prise en charge en soins de support se fait seul(e) ou à deux. « Et je reçois parfois le patient et le conjoint séparément. » Le suivi repose sur la libération de la parole et des conseils comme « la stimulation de la fonction sexuelle avec la masturbation, l’utilisation d’huiles spécifiques favorisant la lubrification, de dilatateurs vaginaux pour les femmes pour la détente des tissus vaginaux, et d’un vacuum[13] pour les hommes. L’objectif est de rééduquer la musculature du périnée[14] chez l’homme comme chez la femme ».
Ressources
Vous souhaitez en savoir plus sur :
- La page dédiée à la sexologie sur le site l’Association Francophone des Soins Oncologiques de Support (AFSOS)
- Le référentiel AFSOS sur la sexologie en cliquant sur ce lien
- L’ouvrage « Cancer et sexualité : si on en parlait ! », Editions In Press, 26 septembre 2018 - 160 pages, 17,50 €
- La brochure « Sexualité et cancer » de la Ligue nationale contre le cancer
- Le dossier « Vie intime et sexualité » sur le site de l’Institut national du Cancer (INCa)
- Le dossier « Préservation de la fertilité », rendez-vous sur le site de l’Institut national du Cancer(INCa)
- Le replay « Sensibilisation à l’oncosexualité » diffusé par l’ONCORIF[15]
Faites le nous savoir :
- Interview de Sébastien Landry, psycho sexologue spécialisé en cancérologie et auteur de l’ouvrage « Cancer et sexualité : et si on en parlait ? »
- Inpress.fr. Cancer et sexualité, si on en parlait ! - De l'adolescence à l'âge adulte.
- Institut national du Cancer (INCa). Cancers gynécologiques. Accéder aux soins de support.
- Institut Curie. Les cancers urogénitaux.
- Organisation mondiale de la Santé (OMS). Santé sexuelle.
- ProInfosCancer. Cancer & Sexualité.
- Institut national du Cancer (INCa). Préservation de santé sexuelle et cancers.
- Ministère des Solidarités et de la Santé. Stratégie décennale de lutte contre les cancers2021-2030.
- ONCORIF. Réseau Régional de Cancérologie Ile-de-France. Qu'est-ce que l'oncosexualité ?